BORNE DE CAMON.
Sous cette appellation, le
public désigne la colonne en marbre jaspé de rouge, de bleu et d'autres
couleurs, provenant suivant la tradition, d'un temple du paganisme à
Amiens et ayant servi depuis longues années
(il en est fait mention dans des titres de 1200)
de borne de séparation à la jonction du
paysage de Camon et du chemin de la Voirie,(rue
Voyelle d'aujourd'hui), des terres
dépendantes de la banlieue d'Amiens avec celles non soumises à la juridiction de
la ville et ne jouissant pas des mêmes privilèges qu'elles.
Elle était là
où dans les années 1850, l'on passait la Somme dans un bac... en
attendant la construction du pont.

La BORNE du PONT du PRE PORUS et le bac.
1834.
"La borne marquait
les limites de la banlieue de la ville d'Amiens après laquelle s'étendaient
- d'une part la
seigneurie de Camon qui appartenait au chapitre de la Cathédrale, compris le
droit de passage par bac, et le bout de voirie attenant,
- d'autre part
la seigneurie de la Neuville appartenant à l'abbaye de Saint Acheul.
Comme en outre,
l'évêque disposait de la pêcherie de la Somme, et qu'il était propriétaire
de la voirie, ainsi que de la rivière du Hocquet (ou de l'Avre) tout ce qui
concernait la Borne intéressait les trois seigneurs du lieu : la ville,
l'évêque, le chapitre."
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le 15
février 1845,
M. le Maire,
Damenez-Gribeauval Pierre (1839 - 1846) appelle l’attention du conseil sur une sujet très important qui intéresse non seulement la commune de Camon mais aussi la ville d’Amiens et autres communes environnantes.
Depuis nombre d’années, dit-il, nos administrés, ainsi que beaucoup de voyageurs et notamment les pauvres ouvriers de la campagne obligés de quitter leur domicile pour gagner leur pain quotidien, demandent à hauts cris qu’il soit établi une communication plus facile et moins dangereuse sur le canal de la somme, à l’endroit connu sous le nom de "bac de Camon", l'un des passages les plus
fréquentés de notre département.
Ils réclament la substitution d’un pont au bac actuel.
Beaucoup de bestiaux, pour éviter un long détour sont conduits par cet endroit.
Il peut en résulter de graves accidents soit en les faisant entrer dans le bateau, soit en les faisant sortir, voire même pendant la traversée.
Monsieur le Maire invite donc les Conseil à prendre sur ce sujet les mesures nécessaires.
Il souhaite solliciter l’adhésion de Monsieur le Préfet sur le projet.
Le Conseil saisit avec empressement la réclamation faite par Monsieur le Maire.
Il estime que le pont serait le moyen le plus prompt, le plus avantageux, le plus utile et en même temps le pour sûr pour communiquer avec Amiens.
200 individus traversent le bac le matin et le soir.
Un grand nombre avec des bêtes de charge,
soit pour porter du lait et d’autres denrées en ville,
soit enfin pour se rendre dans les différents ateliers où ils sont employés.
Pour éviter une perte de temps et un surcroît de fatigue, ils préfèrent payer tous les jours une contribution de 5cm, contribution qui s’élève à une quarantaine de francs par an
Combien d’autres encore se déplacent plusieurs fois la semaine en empruntant cette voie !
L’augmentation des rapports qui existent aujourd’hui avec ceux établis il y a 30 ans environ, le prouve.
Camon ne jouirait pas seul de l’avantage de ce pont sur la Somme.
La Motte Brebière, Glisy, Blangy et Rivery en profiteraient également ainsi que tous ceux qui ont besoin de fréquenter ce village, c’est en outre le seul chemin vicinal direct entre Camon, La Neuville et Cagny.
Le Conseil prie M.le Préfet de bien vouloir accueillir favorablement la présente délibération. Il ne craint pas d’affirmer qu’il est l’organe de tous les habitants de cette commune sans aucune exception, et que l’adoption de ce projet ne trouvera point d’opposants.

à gauche, le pont,
au centre, la guinguette
du Pré Porus des années 1850
que le chroniqueur
Pierre BERNARD, en 1730 appelait
l'Île des plaisirs,
C'était "la maison du
passeur"
celui qui était
préposé à la manoeuvre du "bac"
maison qui, en 1770,
fut jugée trop éloignée du bac et transféré rue Voyelle de nos jours.
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N.B. Cette borne a été
déplacée en 1856 lors de la construction du pont de Camon et déposée dans le
jardin du Musée de Picardie, don de Monsieur le comte DUHAMEL, préfet de la
Somme.