
LES INONDATIONS DE LA SOMME ET DE CAMON.
2001




103 maisons de Camon touchées par cette inondation.
(5 maisons inondées, 99 caves, 4 habitations évacuées, 5
entreprises sinistrées.
*
la F.A.S.S.
est créée
Fédération des
Associations des
Sinistrés de la
Somme.
avec Jean-Philippe DAMIEN
d' Abbeville et Fernand TRANCHANT de Rivery.
*
Jacques LEJOSNE, AMIENS,
cite le journal " notre Picardie" du I er février 1910 :
"Nos marais sont gorgés d'eau et la
Somme coule à plein bord, (nous sommes en 1910).
Espérons que les étangs nombreux
serviront une fois de plus de régulateurs et que nos hortillons n'auront pas à
souffrir de l'inondation !
Est-ce possible ?
L'histoire du passé nous convaincra que la Somme n'est pas toujours le petit fleuve tranquille des géographes.
L'an 1002, du 1er juin au 1er août, les orages furent si terribles et si fréquents que la Somme sortie de son lit faisait de grands ravages dans une partie de la ville et des environs.
En 1408, hiver rigoureux : le dégel fut accompagné du débordement des rivières.
Le jour de Noël 1534, grande inondation mentionnée dans l'un des "registres aux comptes" de la ville d'Amiens.
En 1615, d'après Machard, les eaux de la Somme débordèrent avec tant de violence qu'il n'était plus possible d'aller dans certaines rues sans l'aide de bateaux. L'eau monta dessus les bords du canal du quay, jusqu'à la porte d'une brasserie ayant pour enseigne "la Rouge Maison"
1635 : grande inondation produite par la fonte des neiges du 13 au 21 février. Les ponts de Boves de Longueau et de Hem furent emportés. Le souvenir de ce désastre est conservé par une inscription sur le portal de l'église de Camon.
Il est écrit :
EN LAN (1633) la rivier DE SOMME a déborde le XIII jovr de Freviez NOEL Figet
dont el fit vn gran déga.


1858 : 22 février, la Somme monta de 9 pieds, de 4 heures du soir à minuit... la baisse n'est sensible que le 2 mars. Elle avait emporté 600 maisons, noyé
20 000 personnes
et causé une perte évalué à 120.000 livres.
1890-91 : le froid avait été précoce. Mais le dégel se produit rapidement : l'eau ne pouvant s'infiltrer dans un sous-sol gelé, ruisselle partout, gagne les dépressions de terrain, forme dans le fond des vallées sèches de véritables torrents.
Ces informations du Progrès de la Somme
sont signées Herménégilde Duchaussoy, professeur de physique et
d'agriculture au lycée d'Amiens, maire d'Amiens par intérim
(suite
au décès de Alphonse Fiquet),
de mai 1916 à décembre 1919 et président de la commission météorologique
du département de 1911 à 1925.
(N.B. Les précisions de ce
dernier paragraphe sont de Lenny Cartier que je remercie vivement)
*
1830 : Charles DELAPORTE maire de Camon 1830 - 1839.
Le Conseil Municipal évoque les grandes inondations : Camon, Longueau, la Motte-Brebiètre.
"Les rues , les aires sont recouvertes par les eaux.
On allait de Camon à Longueau, ou à la Motte Brebière par bateau."
*
1937 !
Emile PONTHIEU,
Directeur du Syndicat des Hortillonnages.
1937 expose "la" solution.
"Depuis 1910 c’est la cinquième fois que revient à l’étude la crue de la Somme.
Et
rien de bien sérieux n’a été entrepris pour en atténuer les effets.
Bien des projets ont été élaborés
qui chaque fois, la crue passée,
sont tombés au panier.
On ne peut que regretter ce désintéressement car ces crues se produisant tous les 5 ou 6 ans ont déjà gravement compromis la culture maraîchère d’Amiens.
Elles risquent aujourd’hui de la détruire complètement.
Il n’y a pas seulement que les Hortillonnages mais toutes ces petites propriétés bâties le long de canal, si coquettes l’été, et toutes ces maisons construites à un niveau que l’on croyait sans danger en sont aujourd’hui les victimes.
De tous les projets qui ont été établis,
le principal et le plus utile c’est l’élargissement des trois ponts : Baraban, Citadelle et Molereux qui,
par leur largeur 6m50,
forment un étranglement trois fois répété en moins de 200 mètres arrêtant ainsi le
libre passage des eaux en temps de crue.
Pour donner une idée, nous avons constaté dernièrement dans le trajet du Sport Nautique à l’écluse de St Maurice une pente de 0.52 m, alors qu’avec les ponts élargis
elle ne serait que de 12 cm.
Cette seule constatation suffirait à démontrer l’avantage qu’il en résulterait.
Quant à
la batellerie, quand une péniche sort de l’écluse pour venir au port d’Amont, il faut que l’éclusier ferme toutes ses vannes pendant près d’une heure.
Ce faisant, il
refoule pendant ce temps dans les hortillonnages plus de 70 000 m3 d’eau
et provoque des hausses subites de 20 cm dans les jardinages de St Pierre.
Tous ces cas sont assez probants pour que la situation soit examinée...
Or, depuis 1910,
les plans des travaux sont préparés...
Pourquoi n’a-t-on jamais rien mis à exécution quand leur
utilité est tant reconnue ?
Si une amélioration n’est pas apportée à la culture maraîchère, il est certain qu’avant peu elle disparaîtra...!
Au moment où partout on prêche le retour à la terre, il n’est que temps de faire quelques sacrifices pour y maintenir ceux qui finissent par s’y dégoûter.
Espérons donc être entendus et compris...
*
Fernand TRANCHANT
cf Benoit
Delespierre, courrier picard du 5 janvier 2003.
"un ancien m'a raconté ce qui s'était passé lors du bombardement de l'écluse en aval d'Amiens, place Vogel, en 1942. Le lendemain les rieux des hortillonnages étaient quasi à sec.
Un pêcheur m'a également appelé un jour, raconte-t-il, "venez me voir, je connais très bien le sujet. Cela fait quarante ans que je pêche au même endroit. Avant il y avait trois mètres de fond, aujourd'hui on n'est plus qu'à 1m60."
*
Nadine THIBAUT, 28 rue Roger Allou
écrit le 8 janvier 2003 à M. Tranchant :
Une amie me racontait qu'elle avait toujours habité Camon.
Il y avait un monsieur qui draguait ou curait toute l'année les étangs, la Somme, les rieux.
Lorsqu'il a arrêté, tout s'est arrêté avec lui : il est décédé.
A Amiens, il y avait une entreprise Boinet qui curait la Somme.
Il y a bien trente
ans que cela n'a pas été fait.
je passe deux fois par semaine sur le chemin de halage, les rieux qui bordent la Somme sont remplis de vase et d'herbe.
Quand reviendrons nous aux choses simples afin de rétablir un équilibre ?
si ma modeste missive peut apporter un peu de soutien et d'efficacité dans vos démarches...?
Bon courage Monsieur Tranchant.
*
1980 René DELETOILE route de Morlay à Ponthoile dans la Somme ne décolère pas :
"Pour les inondations de la Somme, il y a une chose que tous les anciens disent :
il faudrait curer le canal de Saint Valéry à Abbeville.
J'ai toujours vécu dans la région et je n'ai jamais vu curer le canal.
En 1952, j'ai participé au transport des arbres qui étaient sur le bord du canal.
Il y avait de grosses branches, elles sont restées collées dans la vase.
Pendant la guerre le canal a servi de poubelles
aux voitures, aux vélos et machines à laver.
Le canal entre Saint Valéry et Abbeville est le bouchon de la Somme, c'est lui
qui retient tout. Il coule à peu près à la moitié de son débit. Il coule en surface.
Si le canal était propre entre les deux villes, la dénivellation étant de 3,50 m à 4 m, les écluses de Saint Valéry devraient être constamment en plein débit.
Mais on ne veut surtout pas que cela coule trop vite... Il ne faut pas abîmer les bateaux de plaisance. On préfère inonder les gens plus loin.
De l'argent on en trouve pour des travaux de bricolage en mettant des rehausses au canal. (On n'a jamais fait venir le plombier pour rehausser une gouttière, on enlève la mousse !)
Je connais l'opinion de certains jeunes qui s'occupent de l'eau et des rivières en général : il ne faut pas récurer parce que la vase va polluer ! On discute, on tourne en rond, rien ne bouge.
Nos aînés ont tout fait à la main et le niveau d'écoulement était juste.
Maintenant avec tout le matériel que l'on a, il n'est plus possible de faire l'entretien.
A mon avis il y a plus grave ! Où est passé l'argent attribué à l'entretien de nos rivières et surtout de la Somme au cours de ces 60 dernières années ?
La seule solution pour éviter les inondations :
enlever toute la vase des canaux et rivières en commençant par la mer !
Je reste à votre entière disposition....
*
LES INONDATIONS 2001
"Où vont donc aller les 3
millions d'euros
(20 millions de Francs)
versés par les Français aux sinistrés de la Somme, lors des inondations du printemps 2001 ?
Pierre MARTIN, président de l'Association des Maires de la Somme
verse cette somme aux Maires des
communes...
à charge pour eux de...
"Honteux, inadmissible"
s'exclame M. Damien président de l'Association des Sinistrés.
.
Les Français ont donné généreusement à l'intention de celles et ceux qui ont été durement éprouvés,
et non pour refaire le réseau routier !
Sur ce point, que chaque collectivité
territoriale, avec l'aide de l'Etat
prenne ses responsabilités mais
*
le P.P.R.I.
(Plan de Prévention du
Risque
Inondation)
cf Courrier Picard 4 octobre 2003
trois zones :
1. les marais, on ne peut rien construire,
2. les gens ont été gravement inondés, ils
peuvent rester mais on ne peut pas construire de nouvelles habitations.
3. Ils ont été inondés mais peuvent construire
moyennant quelques précautions.
Avis de M. TRANCHANT :
Les sinistrés ne savent pas ce qu'est le PPRI.
Ils ne sont pas consultés. Ils ne sont même pas
au courant que le projet est en Mairie.
Les Associations, encore moins.
Qu'"ils" commencent d'abord par curer le canal !
"Nous sommes inondés à cause
de leurs erreurs et maintenant
ils nous classent en zone
inondable" !

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