Le choléra l'une des
maladies les plus meurtrières qui affligent l'humanité s'est déclarée
dans la ville d'Amiens et les environs où il a fait les plus grands
ravages depuis le commencement du mois de juin et jusqu'au mois d'août
inclusivement de la même année
Monseigneur l'évêque
d'Amiens justement alarmé de ces malheurs fit faire d'abord une
procession qu'il présida lui-même dans les quartiers les plus affligés
de sa ville épiscopale.
Rien ne fut plus
touchant que cette cérémonie religieuse à laquelle prit part toute la
ville de la manière la plus édifiante.
Quelques temps
après, le fléau destructeur n'ayant pas cessé de multiples
victimes, Monseigneur après en avoir fait le vœu crut devoir consacrer
solennellement sa ville épiscopale, son diocèse, et sa personne au
SACRE-CŒUR DE JESUS.
Ce fut le 29 juillet
1866 qu'eut lieu cette touchante cérémonie dans la cathédrale à 5 heures
du soir.
Voici un compte
rendu qu'en a fait insérer un habitant de la ville d'Amiens dans le
journal "le Monde" et ce compte rendu a été reproduit dans le mémorial
d'Amiens le 3 août 1866
Monsieur le
Rédacteur
L'intérêt si
constant et si sympathique du journal "le monde" pour nos malheurs me
donne la confiance de vous parler des consolations et des espérances qui
remplissent en ce moment nos cœurs.
L'épreuve a été
longue et je ne sais si l'on se fait au loin une idée exacte de ce dont
nous avons souffert.
Notre pauvre
ville d'Amiens a vu fondre sur elle le plus terrible fléau dont les
annales de son histoire ait conservé le souvenir.
Tantôt foudroyant
et terrible, tantôt lent et perfide, et toujours déconcertant, les
prévisions et les efforts de la science, le choléra a fait en moins de
deux mois, près de 2000 victimes. Tandis qu'autrefois en 1832 et 1849
circonscrit dans les quartiers insalubres, il n'avait frappé que les
pauvres, il s'est étendu cette fois à tous les quartiers, à toutes les
classes de notre cité.
Chaque jour
l'état civil enregistrait un long et douloureux nécrologe où l'on a vu
inscrits jusqu'à 80 décès
Le clergé et les
communautés religieuses ont payé largement leur tribut.
Un curé de la
ville, un lazariste, deux franciscains, un séminariste, huit sœurs de
Saint Vincent de Paul dans le seul hospice de l'hôtel Dieu, une sœur de
l'espérance, cinq religieuses du Sacré-Cœur, quatre de Sainte Claire,
trois de la visitation, deux de Louvencourt, deux de la doctrine
chrétienne, telles sont les pertes sensibles que pleurent à Amiens, l'Eglise,
la religion, les pauvres et qui ne s'expliquent, à mon sens par cette
loi mystérieuse et de miséricorde qui ne choisit les plus innocentes
victimes que pour hâter le moment du pardon.

"préservés de l'épidémie de choléra qui, en 1866 a sévi dans la ville d'Amiens et ses environs, les habitants de cette paroisse en témoignage de leur reconnaissance ont érigé à notre dame du Sacré
Cœur cet autel par nous béni le 26 avril 1868.
Signé : Fissot, curé de la paroisse.
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Le 11 mai 1886
M.
Jean Rovillain médecin, médaillé.
Le maire expose au Conseil qu’en juillet 1870 il a
été offert par la municipalité d’alors une médaille en argent grand moule, à
Monsieur Rovillain, médecin, comme témoignage de la reconnaissance de la
commune de Camon pour son zèle et son dévouement lors des épidémies de
1832, 1848 et 1866.
Cette
médaille n’a pas été acceptée attendue qu’elle n’était accompagnée d’aucune
pièce attestant son origine et son authenticité.
M.
Rovillain étant aujourd’hui décédé, son fils, pour perpétuer dans la famille
le souvenir des services rendus par son père, réclame avec juste raison
cette médaille mais accompagné d’une délibération émanant de l’autorité
municipale.
Mr le
Maire propose donc de donner satisfaction à Monsieur Rovillain fils.
N.B. Le
père avait exercé les fonctions de médecin pendant plus de 50 ans.
