Il est inscrit sur sa stèle dans le cimetière de Camon :
"Sa longue existence, toute d'honneur et de travail,
lui a valu l'estime et la vénération de
tous. "

●
Emile Baheu,
Maire,
Jeanne Angot, née le 31 décembre 1877, dans
l'ancienne Mairie de Camon fêtait ses cent ans.
En qualité d'hortillonne, à 87 ans, elle
se rendait encore en bateau à son travail.

MM.Baheu, Delmas, Jacques
Fournier, adjoints,
Mmes Malachin et Graux conseillères municipales,
M. Gilbert Capron des "vieux de France",
Mme Hanquier du Bureau d'Aide Social (B.A.S)...entourent
Jeanne ANGOT.
●
Gaston BRUNEL
4 OCTOBRE 1984
"Une arrivée remarquable et
remarquée en Citroën C 4 de1928, conduite par son aimable propriétaire, M.
RAMBLIER.
C'est Madame CORRETTE présidente du
club des Aînés et M. BECARD qui vont chercher M. BRUNEL chez lui pour
l'accompagner jusqu'à la salle des fêtes.

L'arrivée sur la place de la Mairie fut saluée par les
applaudissements des nombreux Camonois présents et par la musique de la Fanfare
des Cheminots de Longueau conduite par M. FLEURET.
La cérémonie dans la grande salle communale, fut toute de
sympathie, de nostalgie parfois, de grande gaieté aussi.
M. BECARD évoqua divers aspects de la personnalité et de
la vie de M. BRUNEL, soulignant sa vitalité exceptionnelle.
"Vous êtes la mémoire la plus importante de la Commune".
Puis, M. DESAEGHER au nom du Club des Aînés, et M.
ROBAILLE pour la Mutualité Sociale Agricole, exprimèrent leur sympathie et leur
amitié au nouveau centenaire, lui offrant, le premier, une belle boîte de
chocolats, M. BRUNEL les aime, le deuxième, un chèque en témoignage des liens
unissant le monde des agriculteurs.

"sans papelard il répond à M. BECARD.
C'est alors que les nombreux Camonois et amis présents
virent avec un certain étonnement mêlé d'admiration M. BRUNEL, répondre pendant
de longues minutes à l'assistance, "sans papelard" comme il le fit remarquer.
Bel exemple de mémoire, d'expression lucide; de vitalité
d'esprit.
Les journaliste de FR 3 venus pour quelques images,
réalisèrent un interview et n'en revenaient pas.
On parlera encore longtemps à Camon, de ce 4 octobre 1984
!
B.M. 1985

M. Brunel essaie son nouveau fauteuil offert par la Municipalité.
Discours de M. Albert
BECARD, Maire.

M. Brunel, maire 1924-1945
Discours de M. BECARD, maire 1983-1995
Au moment d'ouvrir cette amicale et sympathique réception chacun comprendra que
je veuille tout d'abord au nom de la Municipalité et en ma qualité particulière
de Maire, souhaiter la bienvenue à Monsieur Gaston BRUNEL, en la salle des fêtes
communales.
Car, si Camon fête aujourd'hui le centième anniversaire de l'un de ses
concitoyens, personne n'oublie qu'il s'agit d'un Camonier particulier , ancien
maire pendant de longues années.
C'est en effet à ce double titre que nous le recevons, et par delà toutes
différences politiques.
C'est avec respect et déférence que je veux m'adresser à lui, pour me faire
l'interprète de toute la sympathie de ses concitoyens, les Camoniers et
Camonières.
Bienvenue aussi à la famille de Monsieur BRUNEL, à ses nombreux amis, aux élus
municipaux, aux membres du Club des Aînés, aux responsables des Associations
locales, aux Membres du personnel communal, aux Représentants de la Mutualité
sociale agricole, à tous les Camoniers qui se sont joints à moi.
Je crois que personne ne me contredira si je dis que c'est un jeune centenaire
que nous fêtons aujourd'hui. Un centenaire encore en possession de facultés,
entre autres la mémoire qui font l'étonnement de tous ceux qui vous côtoient.
Effectivement vous êtes né le 4 octobre 1884, et comme lors de noces d'or, on
relit l'acte de mariage.
Permettez moi de vous relire votre acte de naissance que nous avons retrouvé.
Nous sommes aujourd'hui le 4 octobre 1984.
Vous avez d'un pas alerte traversé ce siècle
particulièrement chargé de souffrances. malgré les progrès.
Il faut dire que vous avez de qui tenir comme on dit chez nous.
Un de vos arrière- grands- pères a participé
à la campagne de Russie avec Napoléon 1er, a mis plusieurs années pour rentrer de Moscou à Camon à pied,
souffrant de la faim et de la dysenterie rebelle
Mais il est rentré bien vivant..
Votre Grand Père, ainsi que vous l'évoquiez
encore lors de notre conversation de la semaine dernière s'est arrêté de labourer à 76 ans.
Vous aviez alors vous-même seize ans.
Il vous a déclaré dans ce picard que
vous aimez bien retrouver et, je vous le confesse, moi aussi, votre grand père
vous a donc annoncé :
"tchou, j'dételle, t'es jon', t'es va prind em plache".
Et c'est ainsi que vous vous êtes mis à
travailler la terre pour toute votre vie.
Votre Grand père est décédé à 84 ans. Vous
avez eu une sœur qui est morte à 96 ans.
Oui, vous avez de qui tenir : vous êtes issu
d'une solide famille picarde.
Mais, en même temps vous avez adopté un
style de vie qui n'est certainement pas étrangé à votre longévité : une vie
régulière, beaucoup de marche, encore de nos jours d'ailleurs. Ne pas fumer, ne
pas abuser del'alcool, jamais de sieste...ce qui fait que vous avez surmonté les
séquelles de la Grande Guerre à laquelle vous avez participé.
Vous n'êtes quasiment jamais malade, vous
avez encore bêché votre jardin cette année et votre fils a pu vous entendre dire
récemment :
"Je ferai encore le
tour du monde ma valise à la main."
Ceci illustre d'ailleurs une autre de vos
caractéristiques : vous avez toujours été et vous êtes resté curieux des choses
de ce monde.
Vous aimez beaucoup voyager.
Vous participez à presque tous les voyages
organisés par le Club des Aînés.
Vous étiez, il y a quelques jours au domaine
du Marquenterre en baie de Somme, auparavant à Offoy, à Boulogne sur Mer, et je
ne suis pas prêt d'oublier notre promenade commune dans la grande roue à Walibi,
l'été dernier.
Vous vous intéressez toujours aux problèmes
contemporains, à l'économie, à l'évolution des techniques, vous vous inquiétez
du chômage et, quand nous parlons de Camon, vous voudriez voir la Rocade
réalisée.
Cette curiosité, vous l'avez compris, est
certainement l'un des meilleurs médicaments, un gage de longue vie.
Pourtant ce siècle ne vous a pas épargné :
il était, quand vous étiez en activité, bien difficile de faire produire la
terre et d'élever sa famille.
De 30 à 34 ans, vous vous êtes retrouvé sur les champs de bataille de 14 - 18.
Le seconde guerre mondiale vous a cruellement ravi deux fils...
Vous vous souvenez qu'en 1894, une première auto a traversé Camon.
Vous n'aimez pas évoquer de souvenirs très
durs et je vous comprends.
Mais permettez-moi ici de rendre
hommage à votre réflexion et à votre grand désir de paix : vous ne pouvez
toujours pas admettre qu'à Verdun, on vous ai dit : "il faut aller jusqu'au bout
pour que vos enfants n'y aillent plus" et que des enfants soient partis à la
guerre vingt ans plus tard !
Comme vous évoquez toujours avec révolte
cette phrase ancienne de Paul Reynaud : "La France ne peut pas vivre sans
l'Algérie".
Vous avez toujours envie de lui répliquer :
"La Suisse vivait bien sans"!
Ainsi les évènements vous ont plongé dans
l'histoire, mais votre curiosité et votre activité vous ont amené à prendre des
responsabilités dans votre village de toujours.
Vous avez été élu conseiller municipal en
1919, juste en rentrant de la Grande Guerre, puis adjoint en 1921, et Maire en
1924 pour le rester jusqu'en 1945.
Vous avez donc présidé à la vie de Camon
pendant 21 ans.
De ce fait et aussi en fonction de votre
âge, vous êtes la plus importante mémoire vivante de la Commune.
Vous connaissez les muches qui trouent le
plateau picard au dessus du Rideau des Falizes.
Vous vous souvenez qu'en 1894, une première
auto.
Il s'agissait m'avez-vous dit du "teuf teuf" du curé de Coisy.
Et avec humour vous m'avez raconté l'histoire de cet enfant qui pleurait parce qu'il n'avait pas vu cette première auto.
"En 'voétur san
qu'vau".
Et, avec humour, vous m'avez raconté
l'histoire de cet enfant qui pleurait parce que il n'avait pas vu cette première
auto.
Et sa mère de lui répondre :
" n'brai point, ch'est l'première, mais point
ch'dernière"
Vous avez encore dans les yeux le premier avion sur Camon et ce que vous avez entendu alors :
"ché drôlé, el'l'affoair lo, on dirouait un barac ed' pem' dé terr'frites. qu'a s'est envolei".
Qui a dit que les Picards manquaient
d'humour ?
Vous vous souvenez qu'on a tiré de la tourbe à Camon jusqu'en 1914.
Vous vous rappelez qu'au temps des premières bicyclettes, les habitants les montaient dans leur grenier, de la toussaint jusqu'à Pâques, tellement les rues étaient boueuses.
En 1931, vous avez conduit l'adduction d'eau.
Il est savoureux de se souvenir avec vous de ce qu'on disait en ce temps là
"on n'o point b'soin d'cho ! A t'on jamoais vu payer d'l'ieu"!
Dans la même période, l'arrivée de l'électricité changera bien la vie et supprimera l'allumeur des réverbères.
Vous vous souvenez aussi des deux fanfares de Camon :
la Rouge jouant "l'internationale" et la Blanche "la Marseillaise".
parfois elles jouaient ensemble au 14 juillet, et vous deviez intervenir pour mettre la concorde.
Si Camon a beaucoup parlé de bus cette
année, vous avez assisté à l'arrivée des premiers autocars à Camon. C'était en
1928, de la société ETEVE.
Vous avez vécu la période particulièrement
difficile de l'occupation hitlérienne, voulant demeure à votre poste jusqu'au et
vous en êtes sorti meurtri dans votre famille.
Vous rappelez encore que toutes les rues de
Camon sont restées en terre battue jusqu'après la seconde guerre mondiale.
Et encore beaucoup d'autres évènements dont
vous avez gardé une étonnante mémoire et que aimez raconter.
Je peux dire qu'on ne se lasse pas de vous
écouter.
Vous êtes bien le grand livre vivant de
notre ville, heureux de parler, encore plus heureux de découvrir.
Votre fils vous a vu, à 78 ans, encore
descendre d'une charrette.
Il y a quelques années, à 90 ans, vous
alliez encore à Amiens en solex.
Et actuellement vous n'êtes pas le dernier
Camonois à prendre les nombreux autobus.
Je me suis laissé dire que vous lisiez
toujours sans lunettes.
Votre vitalité n'a d'égale que votre mémoire
et votre parole demeurée alerte et précise.
Vous passez ce jour de vos cent ans avec facilité...
Pour reprendre l'une de vos expressions :
"il y a des exceptions
dans la vie comme en grammaire"
Je suis heureux de vous dire que vous êtes
une exception, et vos concitoyens rassemblés avec vous en ce jour anniversaire
sont heureux de votre exceptionnelle nature.

Lorsque nous sommes allés avec le Club des Aînés à Boulogne sur Mer vous avez
été vivement intéressé tant par les bateaux que par l'hovercraft.
Eh bien, les Boulonnais ont fêté il y a trois semaines leur doyenne âgée de
107ans.
C'est exactement ce que je vous souhaite et encore plus si possible ... tant que
vous aurez envie de dire :
"Je ferai encore le tour du monde, ma valise à la main".
Bon anniversaire, Monsieur BRUNEL.
●
Madame DUBIEZ.
Née le 29 novembre 1886..., le 5 décembre,
un siècle plus tard,
Monsieur BECARD, maire, et
quelques membres du Conseil Municipal : Mme MALACHIN, MM DELPORTE, NOISELIET,
MONGRENIER, Mme DEBEAUVAIS, M. VITRANT,
lui offrent fleurs, cape
d'intérieur, et trinque amicalement avec la nouvelle centenaire.
Des festivités qui suivent de
près celles qui, en 1984, marquèrent les 100 ans de l'ancien Maire, Gaston
BRUNEL.

Mme Dubiez et sa belle-fille.
●
Geneviève
THUILLIER.
C'était le 16 juin 1999.
Armelle Devianne, adjointe et Michel
Ponthieu, maire
étaient là pour
féliciter la récipiendaire.

Une photo de famille qui vaut
tous les discours.
